Isra-El




(ce texte est une ébauche que j'espère pouvoir reprendre un jour mais que je poste tel quel car il comporte quelques idées intéressantes que je n'ai développées que partiellement et comme toujours un peu confusément)




Il y a un grand mystère dans l'univers, c'est celui d'une sorte de fatalité qui fait que le mal domine sur le bien.

Imaginez un instant que l'humanité soit parfaite, qu'il n'y ait ni injustice ni malheur du fait de l'homme envers son semblable, envers la femme et l'enfant (- et la nature), que la vie humaine soit harmonieuse, aimante et dévouée, que les maladies soient rares et les accidents plus encore, ne resterait-il pas, quoiqu'on puisse faire de meilleur, une calamité insurmontable, une échéance si terrible qu'à elle seule, tous les maux qui seraient évités ne paraissent dérisoires et insignifiants devant elle ? Pour celui et ceux qui pourraient se considérer comme presque parfait et qui auraient investi toutes leurs forces dans cette tâche unique et suprême que de faire régner le bonheur sur terre, n'y aurait-il pas un moment de douleur insurmontable qui à lui seul ternirait leurs vies admirables ?

Vous l'avez deviné, c'est la mort, c'est l'abandon inéluctable de toute la richesse, de toute la plénitude d'une existence passée à rendre cette vie douce et glorieuse. Et cette perte ne serait-elle pas mille fois plus douloureuse qu'en quittant une vie passée dans la misère, dans le doute, dans des difficultés de toutes sortes qu'on peut être satisfait d'avoir surmontées mais qu'en fin de compte on ne regrette pas autant ? Or, devant ce que l'homme peut considérer comme l’injustice absolue, qu'en est-il de ses propres fautes, de ses crimes face à cette cruauté sans pareille que de n’avoir reçu la vie que pour la perdre ?

On pourra toujours dire que la mort n’est pas la fin de la vie, que la mort de l’homme ayant sa conscience en paix n’est pas tourmentée, il n’en reste pas moins que la vie est bien courte et que personne ne la quitterait de son propre gré si le choix était possible. Ce seul élément suffit à justifier toutes les faiblesses, toutes les infamies, tous les crimes en rendant ceux-ci insignifiants face à l’échéance souveraine de toute vie, à l’exception d’un seul qui lui est égal, le meurtre.



Avant de tenter de trouver une justification de cette incohérence fondamentale de la création, il est permis de croire que le Créateur de ce qui peut paraître une absurdité malencontreuse et méchante ne l’a pas instituée sans souffrance et sans regret. Ainsi, dans le récit de la Genèse, il est rapporté à chaque « jour » que ce que Dieu a fait parut juste à Ses yeux par la formule ‘c’était bien’, ou ‘c’était bon’ à l’exception du deuxième « jour ». Ce deuxième jour, Dieu a séparé le ciel d’en haut du Ciel d’en bas or, cet acte sans explication possible autre que celle que j’ai donnée précédemment et qui a eu pour résultat de mettre en marche l’évolution du monde d’un côté et de l’autre de fermer son histoire toute entière, celée comme un livre, cet acte est la mise en place de la mort et de tout ce qui s’ensuit de mal. Cela représentait donc par la temporalité de l’existence la suprématie de la matière finie dans l’univers sur l’infini de la vie que Dieu a introduit ensuite et qui par son essence aurait été illimitée si cette vie n’avait pas été soumise à la limitation de la matière qui a un commencement et une fin.

(Il est à noter aussi que pour presque toutes les étapes de la création, il est dit "Cela s'accomplit"
 alors qu'ici on trouve: "Cela demeura ainsi",
ce qui tendrait à montrer que Dieu avait le désir que la vie matérielle soit éternelle ...)


Et c’est précisément de cette fin qu’il s’agit, de cette fin inévitable lorsque la vie terrestre telle que nous la connaissons étant liée à la matière doit s’arrêter à un moment déterminé. C’est cette fin qui est injuste et qui par sa monstruosité essentielle permet de légitimer tous les crimes, toutes les violences, et de pouvoir faire dire à Hector Malot : « Ainsi que M. A. France, je crois que le crime est naturel ou, comme il le dit, que c’est la nature qui enseigne le crime ».

Dans la longue et terrible histoire de l'humanité, on s'aperçoit bien vite quant on s'y arrête que le mal a toujours dominé, que les sociétés et les hommes qui ont depuis tout temps prospéré le faisaient grâce au mal qu'ils acceptaient, qu'ils légitimaient même, et que la pente vers la banalisation du mal s'accroît avec les siècles.

Cependant, il y eut des hommes ( - et des femmes mais quand je dis homme, je ne peux pas à chaque fois rajouter femme bien qu'elle soient comprises en permanence dans cette appellation, pour le meilleur et pour le pire ...), il est des hommes donc qui, s'apercevant qu'ils étaient impuissant à faire le bien qu'ils souhaitaient face à la toute puissance du mal, ont pensé que, puisque le choix était possible entre le bien et le mal, il devait y avoir une façon de pouvoir avoir une aide dans leur volonté réaliser le bien.

Le monde est soumis aux lois matérielles qui donnent la force à qui est fort, l'intelligence à qui est intelligent, au choix de chacun d'employer cette force et cette intelligence pour aimer et partager ou pour violenter et dominer. Et comme la violence et la domination apportent à première vue des plaisirs, des réussites et des victoires plus grandes et plus durables que l'amour et le partage qui sont considérés comme de la faiblesse et de la tristesse, le choix est aisé à comprendre d'autant plus qu'il ne contredit en rien la loi de la matière, loi terrible dont la mort est le but de toute vie. Puisque la mort existe, l'esclavage, la violence, la perfidie et tout autre malfaisance ne l'égalera jamais. Puisque la loi du monde est si inexorable, toute forme de mal sera forcément infiniment moindre qu'elle car on peut sortir de l'esclavage, échapper à la violence et se prémunir contre la perfidie alors que rien ne peut faire qu'on échappe à la mort.

Ainsi, il y a l'exemple frappant d'Abel et de Cain qui, après avoir tué son frère fut protégé par Dieu de toute atteinte jusqu'à sa mort. Et l'exemple se répète doublement avec un descendant de Cain, Lamek. Car quand l'homme s'adresse à Dieu pour vivre, Dieu est obligé de protéger la vie, fusse celle d'un meurtrier, mais encore faut-il vouloir s'adresser à Dieu et cela de tout son être. Il n'est donc pas étonnant que les premiers enfantements de beaucoup de Patriarches furent des hommes selon la loi de la matérialité, et que les enfantements qui devaient donner naissance aux 'bons' ne vinrent qu'en second car la loi de la matérialité est celle qui domine sur terre comme sur tout l'univers qui commença par être Chaos et Ténèbres.




Et là est le paradoxe que, s'il faut lutter avec les hommes pour faire le mal, il faut lutter avec Dieu pour faire le bien car, l'univers étant soumis aux lois de la matière et Dieu ne pouvant intervenir et modifier ce qu'il a fait de Lui-même, ce rôle est réservé à l'homme; c'est à l'homme de demander l'aide de Dieu pour faire ce que Dieu lui-même attend de l'homme sans que l'homme ait toutefois la possibilité de le faire totalement de lui-même. C'est uniquement par son appel à Dieu que Dieu peut intervenir.

Et l'histoire nous montre que ce sont ces hommes qui ont lutté avec Dieu pour que Celui-ci leur permette de faire le bien qui ont pu le faire et uniquement ceux-ci et dans les conditions précitées. Car si ceux qui ont lutté avec les hommes pour faire le mal ont en majorité réussi, peu sont ceux qui ont pensé et voulu lutter avec Dieu pour véritablement faire le bien dans toute sa pureté. Aussi, lutter avec les hommes quand on est fort et intelligent ne demande pas beaucoup de peine puisque de toute façon, on marche dans un sentier tracé par la loi de la matière, mais lutter avec Dieu pour aller contre la destinée est une autre affaire et il faut un homme comme Yaakov, par exemple, pour mériter le nom d'Israel et avoir lutté contre Dieu ET contre les hommes.

Lutter contre les hommes, c'est lutter contre les hommes qui se complaisent dans la matérialité du mal et là, c'est relativement facile, je dis bien relativement. Mais, pour lutter avec Dieu, c'est une autre histoire car il faut être irréprochable, d'une certaine façon mais il faut aussi s'adresser au bon Dieu, pas au Bon-Dieu s'entend, quoique ce soit un moindre mal qui, s'il n'amène pas de miracles, n'en fera pas non plus. Prenons l'exemple de Moche qui fut le plus grand dans ce domaine, s'il y a une échelle à ce niveau.

Moche a commencé sa 'carrière' en tuant un homme. Orcette abomination ne l'a pas empéché d'être choisi par Dieu pour être Son interprète, le seul homme à qui Dieu s'est montré. Cependant, Dieu l'a puni de la punition des meurtriers en l'exilant, à l'Est comme il se doit, à l'est d'Israel où il n'a pas eu la permission de rentrer. J'avais dit dans un autre texte que Moche n'était pas rentré en Israel parce qu'on aurait fait de lui une sorte d'idole à la place de Dieu, et ceci n'est pas incompatible avec cela. Donc, Moche avait, comme Yaakov-Israel cette détermination de lutter avec Dieu pour faire ce qu'il pensait être le bien (comme aussi Abraham quand il voulu sauver les justes qui auraient pu habiter Sodome). Moche lutta avec Dieu pour sauver son peuple de l'anéantissement décrété par la colère divine après l'adoration du Veau d'or.

Qui veut faire le bien peut donc s'adresser à Dieu pour obtenir une aide, mais en luttant avec Lui. Cependant, à l'inverse, ceux qui voudraient faire le mal en prenant la place de Dieu et rester impunis n'ont besoin de lutter ni contre Dieu, ni contre les hommes. Ainsi, vers la fin du premier siècle, le Grand Prêtre de l'époque persécuté par les Romains, Rabbi Yohanan Ben Zakai, s'échappa de Jérusalem dans un cercueil porté par deux de ses élèves et alla s'installer à Yavne. Là, il s'ensuivit une controverse qui fit que son meilleur élève, Rabbi Eliezer Ben Hyrcanus eut une opinion qui différait de la sienne. Mais, R. Yohanan étant le maitre, il ne voulu pas l'accepter.

Alors, R. Eliezer qui pour n'ête pas le maitre n'était pas moins le plus grand fit appel à Dieu et il fit trois miracles qui prouvèrent la vérité de sa position. Comme R. Yohanan répondit que les miracles n'étaient pas des preuves de la Torah, R. Eliezer fit appel à la voix de Dieu qui de même lui donna raison. Or, R. Yohanan déclara d'après une parole de la Torah que celle-ci n'est pas dans le ciel mais sur terre et, sur terre dans les mains du chef reconnu de la communauté, lui-même à cette époque. déclara que le pouvoir n'était pas aux mains de Dieu, qui laisse les hommes libres, ni aux mains de ceux qui représentent Dieu éminament mais dans la tradition de ceux qui prétendent régir la Loi de la Torah et qui ont été agréés par la majorité. R. Eliezer fut donc excommunié et Dieu mis en tutelle. (histoire du Four d'Akhnaï - The Oven of Akhnai).

Ainsi, il est possible de faire le mal, de le justifier par la nature même de l'univers et de rejeter Dieu sans conséquence apparente pour qui s'y prête. Seulement, comme le mal n'est possible que durant la vie terrestre, celui qui a fait le mal en quittant la vie perd celle-ci totalement puisqu'il s'est identifié à la matérialité qui seule permet l'existence de ce mal sans aucunement l'autoriser. Car, si l'univers est basé sur le Chaos et les Ténèbres, Dieu à créé la Lumière, le "Jour Un", et cette Lumière est non seulement lumière mais aussi conscience. Et c'est cette conscience qui dit à chaque être vivant qu'il fait le bien, que ce bien est vivant et qu'il domine les ténèbres de la matière. Or, pour dominer la matière, il faut faire le bien et qui fait le bien vivra, à jamais. Pour ce faire, il faut une confiance illimitée dans la possibilité de bien faire - de bien être, et une humilité absolue dans ce que pour faire /être bien, c'est grâce à Dieu, deux qualités que Moche avait eu à la perfection.


Cependant et en conclusion de cet essai maladroit, celui qui lutte avec Dieu pour faire le bien comme j'ai essayé de l'expliquer devient à l'instar d'Abraham et de Yossef une source de bracha (bénédiction) pour les autres, non seulement pour les individus mais pour l'humanité entière. Mais celui de qui on apprend la réalité de la nature de cette condition, c'est bien Yaakov qui a reçu le nom d'Israel, Isra-El, c'est à dire: Il lutta avec Dieu (Genèse 32/25-29)*

"Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël; 
car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines 
et tu es resté fort."

Oui, vraiment, s'il y a des lois de la nature que depuis toujours l'homme cherche à découvrir, à comprendre et à utiliser, il y a strictement de la même façon des lois divines que malheureusement l'homme ne cherche pas, en général, ou qu'il croit comprendre mais en général toujours complètement de travers ainsi que le font l'ensemble des religions, et en particulier la tradition rabbinique qui a escamoté la Torah à son profit après avoir rejeté Dieu comme j'y ai fait allusion à propos de l'histoire du Four d'Akhnaï, et n'a après 3000 ans réussi à découvrir que des choses insignifiantes car, au lieu de chercher avec le coeur, elle cherche avec la tête, et une mauvaise tête ....


Genèse 39/2-4

A propos de l'usage individuel de pouvoir devenir une "source de bénédiction", je dois vous dire que je l'ai vécu, si, si, ça m'est arrivé, sans que je m'y attende, sans avoir compris sur le coup et sans en avoir parlé à la personne qui en a bénéficié.
Ne croyez pas que je me trompe, c'était trop évident, ni que je me vante, ce serait inconséquent avec ce que je suis et continue de toutes mes forces à vouloir être. Si j'arrive à corriger ce texte bientôt, bs"D., je vous raconterai.


*Je m'aperçois que, si j'ai dit pourquoi Yaakov fut celui par qui se révéla le moyen de l'homme qui veut faire le bien en s'assurant le concours de Dieu, je n'ai pas dit en quoi il fut lui-même une source de bénédiction ni comment se produit cet échange de bénédictions car c'est bien là une relation double entre deux personnes et même triple si on fait entrer Dieu dans l'affaire.
Yaakov aima son fils Joseph, et cela est répété de nombreuses fois, en dépit de l'apparente justice qui enlevait à l'ainé son droit d'ainesse virtuel et aussi en dépit de l'apparence injuste des songes de grandeur et de domination de celui-ci. Joseph de son côté aimait Yaakov car, entre tous ses frères, il est le seul qui se confia à lui.
Donc, dans une telle relation, il faut d'abord que celui qui veut faire le bien en soit capable par  son désir et sa fermeté à vouloir, envers et contre tous, à mettre en place une relation de bien avec la personne à qui il s'est attaché, et il faut concurremment que celui qui est l'objet de son attention accepte celle-ci en estimant comme bon le but pour lequel il est l'objet.





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