Dans le roman Les frères Karamazov, de Dostoievski, Smerdiakov pose une question:
"Puisque Dieu a créé la lumière le premier jour, comment se fait-il qu'Il ait du créer des luminaires pour éclairer la terre le quatrième jour ?"
Et Smerdiakov aurait pu ajouter, comment Dieu a t-il pu créer l'homme le sixième jour alors qu'après le septième, il est dit qu'il n'y avait point d'homme sur terre pour la cultiver ?
Pour comprendre, il faut oublier la traduction française et bien lire que Dieu a créé les cieux et la terre, et non le ciel et la terre, et noter qu'Il a établi une séparation, une barrière entre les cieux.
En réalité, Quand Dieu a 'créé la création', il l'a créé double, non pas en deux créations différentes mais en une apparente et une cachée. Hors, la création apparente est celle où l'on existe avec ses quatre dimensions, espace et temps, qui évolue et qui compte un passé, un présent et un futur, alors que la création cachée comporte tout à la fois, tout ce qui a été, ce qui est et ce qui sera. Ce sont les cieux 'd'en haut' alors que nous 'existons' dans les cieux 'd'en bas'. Notre histoire est en fait comme le déroulement d'une bobine contenant déja toute l'histoire, ou d'un livre dont on ne lit qu'une page à la fois alors qu'il contient toutes les pages.
C'est à dire que tout ce qui a existé, existe et existera est déja 'contenu', existant dans 'les cieux d'en haut' tandis que dans les 'cieux d'en bas', tout arrive au fur et à mesure selon la flèche du temps.
L'univers entier, dans l'espace et dans le temps avec tout ce qu'il renferme a été créé en une fois, dans les sept premiers jours qui ne sont pas des jours au sens où nous les entendons mais des niveaux d'existence, et, en même temps a été donnée l'impulsion de l'univers d'en bas, son commencement décrit à partir du huitième jour, le chapitre deux de la Genèse.
C'est pourquoi Dieu dit qu'Il a créé l'homme 'mâle et femelle' au chapitre un et qu'il l'a créé à partir de la poussière dans le chapitre deux. C'est en réalité la même création sauf que la première concerne les 'cieux d'en haut' où tout existe 'en même temps'et la seconde les 'cieux d'en bas' où chaque chose apparaît 'en son temps'.
Mais il y a plus et c'est le mystère de l'apparition de la vie qui, pour être un mystère n'empêche pas qu'on puisse l'appréhender sans toutefois en avoir la solution. Comme je l'ai dit dans le précédent post, l'origine de la vie, c'est l'origine de l'unité d'existence or, cette unité ne pouvant provenir de la matière, qui n'est que "solitude et chaos", multiforme et divisible, elle a donc son origine en dehors de la création quoiqu'elle en fasse partie.
Cette intervention 'extérieure' est décrite comme le 'souffle de Dieu', à propos de l'homme mais il en est de même pour tout élément vivant, de la cellule aux plantes et des plantes aux animaux qui ont précédé, conformément à ce que nous savons, l'arrivée de l'homme.
Il n'est pas parlé de souffle de Dieu pour tout ce qui vit et n'est pas l'homme car celui-ci est le but de la création, fait à l'image de Dieu.
Le mystère de la vie pour sa part est double en ce sens qu'il concerne l'origine de cette vie mais aussi la réalité de cette vie au-delà de son existence dans 'les cieux d'en bas', et même 'd'en haut'. Car, si la vie apparaît sur terre, elle n'en vient pas et a donc une origine et une réalité indépendante de celle que nous connaissons.
Cette réalité, que Bernard d'Espagnat nomme 'le réel voilé' est certainement sans commune mesure avec celle que nous appréhendons et, certainement aussi, d'une 'étendue', d'une 'existence' aussi illimitée que nous sommes 'terrestrement' limités. Cette 'existence' dont nous ne pouvons soupçonner ce qu'elle peut être pourrait avoir comme image un iceberg, comme la photo en haut de la page, et notre apparence ne serait seulement que la partie émergée alors que le fondement de cette apparence serait la partie immergée.
Donc, pour conclure sans rien pouvoir révéler, on peut penser que l'homme tel qu'il apparaît dans la création n'est en fait qu'une petite partie de ce qu'il est en totalité, et que son existence est non seulement liée à la partie cachée mais que la partie cachée est immensément plus grande, plus riche, plus complète que celle qu'il connait de lui-même.
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